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L’heure du bilan d’Impulsion/Slayers à Abidjan
Mercredi à 18h, nous avons présenté pour la première fois la première partie de notre création Cyborgs’ Quest au Palais de la Culture à Abidjan. Honnêtement, je suis fier de la prestation qu’on a livrée ce soir-là. Ca s’est vraiment bien passé et nous avons eu beaucoup de retours positifs.
Malheureusement, nous n’avons pas été retenus pour participer aux phases finales du lendemain. C’est la Côte d’Ivoire qui a été sélectionnée dans notre poule. Ils ont livré un spectacle médiocre en alternant des acrobaties et du coupé décalé sur un ring de boxe. Aucune progression dramaturgique, des choix de costumes excentriques sans aucune cohérence ni exploitation artistique, très peu de variété et d’originalité dans leur danse, niveau zéro de la créativité dans la composition chorégraphique, un rythme effréné du début à la fin …
Ceux qui me connaissent, savent que je ne parle pas sous le coup de l’amertume de la défaite et qu’il m’est même déjà arrivé d’être en désaccord avec une décision du jury qui nous avait donné vainqueur. J’aurais davantage compris que le Cambodge soit choisi vainqueur de notre poule si ce n’était pas nous. C’était très différent de ce que nous avons proposé, mais la maîtrise technique et la vision épurée de leur chorégraphie étaient largement supérieures à ce qu’ont proposé les Ivoiriens.
Mais nous n’étions pas au bout de notre surprise ! Sur leur lancée, lors des phases finales (5 groupes s’affrontaient dès le lendemain), les juges ont même été jusqu’à offrir une médaille de bronze aux Ivoiriens devant un public médusé par cette décision … Oui, même le public ivoirien ne comprenait pas.
La France a terminé 2e et l’Ile Maurice 1re. Madagascar et le Burkina Faso méritaient davantage leur place sur ce podium aux côtés de l’Ile Maurice. La frustration de ces deux groupes a été grande, car ils se sont sentis floués et je ne peux que partager leur ressenti.
Je ne parviens pas à expliquer ces décisions. Je ne jouerai pas le coup du grand complot, car nous n’avons pas ressenti de favoritisme envers la Côte d’Ivoire dans d’autres compétitions culturelles. Serait-ce lié à l’incompétence totale des membres du jury ? J’en doute aussi, car la sélection des phases finales n’était pas mauvaise (exception faite de la Côte d’Ivoire). Je ne l’explique pas. A moins qu’un marabout passait par là et qu’il a donné aux juges un jus de bissap maison avec des poils de chimpanzé mixé à des écailles de pangolins albinos.
En même temps que se déroulait notre spectacle, nos amis de Final FX (groupe de danse hip-hop belge) ont perdu en quart de finale contre le Congo Braza dans la partie battle hip-hop. Petite parenthèse souvenir : ceux contre qui nous avions perdu il y a 4 ans avec Impulsion, les Camerounais du Sn9per Crew, ont eu la médaille d’or face aux Marocains en finale. Vu leur détermination et leur talent, je suis vraiment content pour eux.
Les chanteuses belges Séléna et Sofia ont sauvé l’honneur de la délégation culturelle en remportant une médaille de bronze dans leur catégorie. Trois médailles ont également été récoltées par nos sportifs. On va pas se mentir, le résultat en termes de médailles n’est pas extraordinaire. La France a remporté une soixantaine de médailles alors que nous, on se rapproche plutôt de Djibouti ou des Comores. Sur le plan des rencontres on a été très performants par contre : Ayrton, médaille d’or de la sociabilité toutes nations confondues ; Milo, médaille d’argent des selfies demandés par les autres participants, bénévoles, supporters et même … la dauphine Miss Côte d’Ivoire en personne (c’est pas des couilles).
L’organisation et la sécurité font un sans-faute du début à la fin de la compétition, c’est impressionnant. Niveau sécurité, ils en font même peut-être un peu trop : des policiers avec fouille à l’entrée du village des Jeux, des autres policiers postés devant notre bâtiment de résidence, sans oublier les six membres des forces spéciales belges qui sont là si jamais ça part en couille. Enfin, plus de 4000 bénévoles sont mobilisés et assurent un encadrement de grande qualité.
Un des seuls problèmes, c’est que ce village des Jeux ne semble jamais se reposer. Toujours des animations, toujours du bruit, toujours plein de gens … C’est fatigant … On est morts … Cette ville est épuisante deh. Kim, notre responsable de délégation a donc eu la bonne idée d’organiser une virée à Grand Bassam, une station balnéaire à 1h de route d’Abidjan. Des hamacs, la plage, la mer, une piscine … On respire … Ca fait du bien.
Comme la compétition est terminée, nous commençons à découvrir Abidjan de l’intérieur avec ses habitants. En plus de Marius et Thierry, nous avons fait la rencontre de Fatou et Maude, deux cousines de Treishville, une commune d’Abidjan. Ca nous a permis de rentrer un peu dans le quotidien des habitants et le truc qu’on peut vous dire, c’est que c’est très roots. Elles vivent dans des quartiers aux abords des grands axes. Ces quartiers résidentiels sont composés de petits chemins de terre irréguliers avec des constructions très basiques (peu ou pas d’électricité, toilettes sans chasse, tonton qui dort dehors sur la pierre dans la cour de la maison, etc.).
Premier soir, on a été dans une boîte de Treishville dénommée le Kawaai. C’était kiffant, mais bizarrement, les gens ne dansent pas tellement à l’intérieur. Ils sont posés et boivent. Deuxième soir, on a été dans un bar dansant à Youpougon, la plus grande commune d’Abidjan, avec une dizaine de têtes.
Dimanche, on a été reçu par un village traditionnel de la commune de Port-Bouët. C’était une formidable rencontre. De la danse, des chants, des rires, du partage en toute simplicité. Course de pirogues sur la lagune, agriculture locale, démonstration de grimpette dans les cocotiers, et clôture de cette visite par un délicieux repas traditionnel.
Tout ça restera profondément ancré dans nos mémoires, même si on était encore bien défoncés des deux nuits précédentes qui se sont terminées tard, trop tard même ...
Je vous livre mes dernières observations de ce beau voyage avant de reprendre la route vers Bruxelles.
Toujours intéressant de se rendre compte que les Blancs sont extrêmement minoritaires dans la francophonie. On devait représenter environ 15 % de la population du village des Jeux. Au-delà de ce constat, je me suis rendu compte que la langue française permettait aux différentes ethnies présentes sur le territoire ivoirien (et africain) de communiquer efficacement. Chaque ethnie à sa propre culture et sa propre langue et il y en a plus de 60 rien que dans ce pays. Imaginez le bordel.
J’avais du mal à comprendre ce que la population ivoirienne nous répétait tout au long du concours : ils me racontaient que c’était incroyable d’accueillir cette compétition dans leur pays et qu’ils seraient tristes quand les Jeux se termineraient. Personne ne nous avait dit ça lorsque nous étions à Nice il y a quatre ans, voilà pourquoi j’ai fini par leur demander pourquoi cela était si important à leurs yeux.
Premièrement, ils m’ont expliqué que cela représentait une occasion unique de pouvoir profiter à nouveau des plaisirs du spectacle et d’une ambiance festive alors que leur pays était en guerre il y encore 10 ans. Je précise que toutes les compétitions sportives et culturelles étaient accessibles gratuitement à la population. Deuxièmement, ils m’ont aussi confié qu’ils en retiraient une grande fierté de pouvoir présenter leur pays sous un grand jour et que toute la nation se mobilisait pour que nous en gardions une bonne image. Visiblement l’enjeu n’était pas le même en France et la différence s’est fait sentir. Troisièmement, ces Jeux ont ouvert une parenthèse de mixité entre les Noirs, les Blancs, les Musulmans, les Chrétiens qui n’est que trop rarement présente dans nos sociétés.
Je terminerai donc par adresser les derniers mots de ce voyage à nos amis ivoiriens. Vous pouvez être fiers de ce que vous avez accompli, car seul un grand pays peut réussir à porter un tel événement. J’ai trouvé dans ce voyage tous les ingrédients qui me pousse à continuer de croire qu’Africa is the future. Votre énergie, votre ouverture d’esprit, votre spontanéité et votre lâcher-prise constituent des forces inestimables pour la poursuite du développement de votre pays.
Ayoka ! (Merci !)